Des papillons à la place du cerveau

Des papillons à la place du cerveau

Je ne tiens plus en place. Tsé quand une bonne (ou une mauvaise nouvelle) doit rentrer d’ici quelques jours et que tu regardes tes courriels toutes les 30 secondes pour être sûr que tu reçoives en direct la tape dans le dos ou la claque dans la face. Bien je suis en plein là dedans. 

C’est sûr qu’en tant que travailleuse-autonome-entrepreneure-contractuelle-pigiste-vulgarisatrice-lectrice-sur-motivée, je suis toujours en train d’attendre des bonnes et des moins bonnes nouvelles. Une demande par-ci, un article par-là, un texte envoyé là-bas, un projet ou un contrat qui se concrétise, mais l’angoisse de la grosse nouvelle, celle qui pourrait changer plein d’affaires, te permettre de partager ta passion encore plus, de te développer dans un nouveau bon sens, eh bien l’attente de celle-là est plus difficile que les autres.

D’ailleurs, je suis incapable de travailler sur autre chose. La preuve, je ne peux m’empêcher d’en parler sur Check mes tomates. Je suis fébrile. C’est le mot, mais il n’est pas assez fort. Énervée? Agitée? Hystérique? Non quand même pas, mais vraiment je ne tiens plus en place. Allez-y pour écrire ou vous concentrer avec ce genre de nouvelle qui vous pend au bout du nez, qui vous attend au détour. J’ouvre le chapitre sur lequel je travaille (mon enquête sur la disparition de Marie prend forme), une phrase, une autre et un courriel qui rentre. Moi : AHHHH! Je sursaute. J’ai peur. Je tremble… C’est souvent des retours de clients, de la pub ou pire, le résumé hebdomadaire d’une de ses discussions LinkedIn auxquelles je suis abonnée.

Je me replonge dans l’écriture et plus rien ne compte jusqu’au… prochain courriel. Et là, c’est la même chose : je crie, m’étire, écarquille les yeux, la main fébrile et le souffle court. Drôle de manière de vivre que ces artistes-créateurs-motivateurs-idéateurs-travailleurs-autonomes que de toujours être en suspens. Bien sûr, on peut tous penser-créer-imaginer-monter-des-projets tout seul ou avec d’autres, mais ça revient toujours à ça : qui va me donner de l’argent ou l’opportunité de présenter mon travail? De le faire voir ailleurs que dans ma tête? C’est sûr que tout le monde peut se faire un blogue, un site, en parler sur les réseaux sociaux, mais c’est pas pareil que de le voir en vrai, de tenir le fruit de son travail dans ses mains, le voir sur un mur ou dans une salle de cinéma. En attendant de hasarder une réponse, je continue d’écrire-penser-réfléchir, lire plein d’affaires à gauche à droite (allez donc lire les derniers billets de Patty O’Green ou celui sur la lenteur de Bertrand Laverdure), et guetter mes courriels. Une fin de semaine fabuleuse en perspective. 

Je ne vous suis plus

Je ne vous suis plus

Dans le temps, je rêvais que je passerais mes journées à lire et à écrire. C’était beau, il faisait soleil, il y avait toujours une porte ouverte pas loin qui donnait soit sur la mer, soit sur une forêt et un lac, et moi j’étais là, détendue et souriante, buvant le meilleur café au monde, et j’écrivais dans l’allégresse et la béatitude des romans fluides et vaporeux. Le reste du temps, j’étais en voyage et je découvrais des contrées inconnues et des personnes extraordinaires qui nourrissaient mes romans tout aussi extraordinaires. Ouain. Des fois, c’est mieux que les rêves restent des rêves.

Dans mon appartement/bureau/centre névralgique, mon rêve d’antan n’est pas au meilleur de sa forme. La pièce qui me sert de bureau ne possède qu’une fenêtre minuscule qui donne sur la ruelle où des écureuils passent leurs journées à détruire plantes, fleurs et poubelles. Au moins, les petits mammifères que je trouve plus mignons depuis belle lurette, se battent avec l’énergie du désespoir pour trouver et cacher d’hypothétiques réserves pour l’hiver (ou est-ce pour le printemps?). Leur ballet me fait sourire, et comme ils m’ont laissé quelques tomates cet été, je les laisse vaquer à leurs occupations.

Mon bureau s’effondre littéralement sous les papiers : savant mélange de livres, prospectus, revues et magazines, factures, cartes d’affaires, et cahiers de notes. Les yeux me piquent et me brûlent à force de passer trop d’heures devant l’écran. Je saute d’un contrat à l’autre, d’une fenêtre à l’autre, j’écris un peu le matin, et ensuite ma journée de travail commence (je n’ai pas à aller bien loin, je suis ma propre boss dans mon propre bureau), eh oui, je lis et j’écris, mais le soleil ne se rend pas jusqu’à moi et quand c’est le cas, ben je ferme les rideaux parce que ça me pique encore plus les yeux.

Le mystère reste entier pour moi : comme j’ai fait pour me ramasser à faire une job (j’ai pas vraiment de job, je suis à mon compte, j’aime ça dire que j’ai une job, ça rassure ma famille) où il faut être assis 10 heures par jour, en plus que j’essaie de finir mon roman (+ 3 heures par jour) et que j’écris pour plein de blogues et d’autres affaires à gauche à droite parce que je me dis que c’est juste de même que je vais y arriver. Est-ce que quelqu’un sait ça? Mais j’aime tellement ça, que finalement, j’ai ma réponse. Si quelqu’un invente des chaises dynamiques qui nous permettent de faire de l’exercice et de marcher en écrivant, je suis preneuse.

En tout cas, je dois bouger tout le temps. Coudonc, est-ce que me concentrer est plus difficile qu’avant? Je pense bien que oui. Surtout que je vais fleureter sur Facebook ou Twitter toutes les 44 secondes. Je saute d’un article à l’autre, d’un commentaire, d’une émission à une autre, et c’est pour ça que j’ai pris la décision de ne plus vous suivre. Pas dans le sens, ça y est, moi j’ai tout compris, je vais plus sur Facebook ou Twitter (J’ai essayé de me convaincre de me désabonner de FB juste une semaine, parce que me semble que je serais plus productive. Que mon cerveau aurait le temps de ramollir, juste un peu. J’ai essayé de me donner des plages horaires, bon tu peux y aller, entre 12 h et 12 h 45, et 18 h 15 et 20 h. Mais ça marche pas, pis après je me trouve niaiseuse de m’être imposé ces restrictions et j’y vais quand même), mais dans le sens que j’accepte la lenteur. De ne pas avoir lu, tel ou tel article, tel ou tel livre. Que cette série-là, ben je vais pas me mettre à la regarder la nuit pour pouvoir en jaser.

Donc, ne plus vous suivre. Vaincre ma crainte de manquer de quoi. À force, je sais plus rien – où j’ai lu ça, pourquoi je pense ça, ce que j’aurais fait dans telle situation – et d’être une analphabète de la vie, ça me tente plus. Vous connaissez ma propension à vouloir disparaître. Mais comme j’ai pas le courage de Ducharme, ni la maison aux Keys de Michel Tremblay, je vais juste continuer à écrire dans mon bureau qui donne sur la ruelle.

 

Party de famille

Party de famille

Les Moreau, on est une grosse famille. Chez mon père, ils étaient 6 enfants, et tous ces marmots ont eu de rejetons, pour un total de 14 cousins et cousines du même âge, à 10 ans près. Certains ont même des enfants qui sont maintenant des adultes. Ça parle fort, ça crie, ça danse : on aime ça se voir et on se le dit.

On a commencé il y a deux ans à se réunir seulement entre cousins. C’est que la grand-maman nous a quittés en 2011. Au mois d’août, c’était le party des cousins Moreau. Réunis chez celui qui a la plus belle piscine, un bar extérieur (l’année passée, j’ai bu des drinks bleus et j’ai été malade) et un BBQ géant, on commence la journée tranquillement. Baignade, petite bière, blé d’Inde.

C’est que c’est le fun être entre cousins. Les chums, les blondes, les enfants : tout le monde se promène en maillot de bain autour de la piscine. Ça s’échange des nouvelles pis ça se conte des peurs. Cette année, l’hôte de la journée a décidé de sortir des vieilles photos. Les années 80, c’était pas une réussite chez les Moreau. Coupes Longueuil, costumes de bain fluo, moustaches ostentatoires. Finalement, ça pas tellement changé, c’est juste que maintenant on peut niaiser ceux qui en portent.

À un moment donné de la soirée, je commence à jaser avec la nouvelle blonde de l’un de mes cousins (on est 6 filles pour 8 gars). Parle, parle, jase, jase, bla-bla-bla. Très sympathique, cette nouvelle Moreau. Bravo cousin que je me dis. C’est là qu’elle me lance : « Ah, c’est toi l’écrivaine. »

Bon, qu’est-ce que mon cousin lui a dit? C’est sûr que pour ma famille, je suis une intello (études universitaires en littérature) ou du moins l’image qu’ils se font d’une intello. J’habite Montréal (j’entendrai plusieurs fois dans la journée « toi, t’es une hipster »), mais pas le Plateau (Rosemont, c’est pareil pour eux), j’ai travaillé en culture, j’écris des articles sur tout et rien, je n’ai pas d’enfants dépassé la trentaine et je parle tout le temps de livres.

Est-ce que ça fait de moi une écrivaine? Non, mais, mon cousin, lui a fait l’amalgame. Je t’aime cousin. Toi, tu me comprends. Pis ta blonde aussi. Je vous parle de ça, parce que cette semaine, j’ai passé beaucoup de temps sur mes projets. J’ai complété deux nouvelles, je travaille aussi sur J’aurai disparu avant la fin de la journée. Seule devant mon ordi, je me suis demandé ce qui faisait l’écrivain. Les publications? C’est sûr. La posture d’écrivain? Parce qu’il en faut bien une. La cigarette électronique (voir Mondanité du diable, d’Alain Farah)? Je fume déjà du tabac, merci.

Je le sais pas en fait. J’écris, c’est tout. Je pense que je vais appeler mon cousin pis sa blonde. 

La reine du sous-sol

La reine du sous-sol

Le mardi après-midi, c’est à nous. On parle, on jase, on se bouge les fesses à la zumba et on va au sous-sol d’église. Les mains dans la poussière et sous l’éclairage flatteur de la grande salle bordélique, on part à la recherche d’objets pour les projets de San et des bébelles pour la maison d’Annabelle.

Cette semaine, on devait trouver des chapeaux, des lunettes, des foulards, des robes, pis des manteaux. Tout ça parce que Sandra a encore plein d’histoires dans sa tête. Cette fois-ci, elle va se rendre au Centre de cancérologie de Laval. Toujours dans ces idées de grandeur. Rappelez-vous son souhait de conquérir l’Arctique?

Faque on a fouillé sous des tonnes de tissus tous plus bizarres les uns des autres pour trouver son bonheur. « Bouge pas Anna, tu peux enlever ton gilet et essayer ça, s’teplait?? Viens ici, j’ai besoin de ta tête pour voir c’est quoi ça donne ce chapeau? » Anna se sent un peu ridicule, mais pour la cause, elle se sacrifie. Résultat : Anna a l’air d’une ménagère frustrée de 1979, la touche glamour-kitsch-rétro-juste-assez-bizarre pour que tout le monde les regarde.

En échange de cette parade de mode improvisée et succulente, après être passées dans le rayon des vêtements (eh oui, ils vendent des sous-vêtements usagés dans les sous-sols d’église, mais on approche jamais du bac), les filles montent au 2e étage, enfin en haut, où se trouvent les meubles. Chaque fois, la même histoire se répète : quand Anna spotte des affaires, elle regarde Sandra : « On peux-tu faire de quoi avec ça? » C’est toujours Sandra qui les retape (elle est vraiment bonne avec ses deux mains), les utilise pour ses projets de photo et les redonne à Anna. C’est qui qui trouve le plus son compte là-dedans?

Nicole, dit Madame Nicole est la reine du sous-sol. Elle fait les prix à la tête du client, crie des ordres à ses disciples et nous donne même des conseils déco. « Tsé, les filles, ma sœur a acheté des grosses cruches à lait, pis elle a peinturé dessus les 4 saisons. C’est ben ben beau. Chez les antiquaires, ça vaut vraiment cher. Pis ste chaise-là, c’est du vrai  bois pis c’est ben solide. Tu peux mettre ça dans ton entrée. L’hiver c’est ben pratique. »

On avait spotté 2 chaises pis 2 p’tits bancs. « Pour les chaises, 4 $, pis les p’tits bancs, 5 $ Stu correct ça les filles? » Madame Nicole a le don de nous parler. On l’aime. Surtout quand elle crie.

De retour chez Anna, les mains pleines de vieilles affaires, on avait un problème. Pu de place chez Anna. Martin, Béatrice, Gilbert, Marie, Adrien se sont installés chez elle pendant l’été, pis là, plus moyen de placer nos belles bébelles. Elle a le cœur sur la main Anna et pouvait pas laisser ses personnages à la rue. On leur fait donc de beaux fauteuils.

On ira te revoir bientôt chère Madame Nicole. Sandra a besoin d’autres vêtements et accessoires pour un projet secret avec Anna. Pis des bébelles, on en a jamais assez. 

Les poutines de la liberté

Les poutines de la liberté

Ce n’est pas un secret, mon roman se passe dans un casse-croûte. Je sais pas trop pourquoi j’ai choisi cet endroit. J’aime les frites modérément, les poutines beaucoup, je n’y ai jamais travaillé, même si j’ai cuit beaucoup de frites et servi beaucoup de poutines quand j’étais ado.

À 16 ans, je me trouvais bien cool. J’avais un chum qui faisait du snowboard. Il avait une petite moustache et un manteau jaune moutarde. Je capotais. On se retrouvait avec d’autres amis les soirs de semaine au mont St-Bruno. On fumait plus de joints qu’on dévalait les pistes, mais bon on était cool. Pour avoir ma passe gratuite, j’ai postulé au restaurant de la station. Et là, WOW! On m’a attitré à la friteuse et au mets le plus convoité de la montagne : la poutine. À chaque shift, j’en faisais des tonnes, pis j’étais ben fière. Frite-fromage-sauce, frite-fromage-sauce. Même Thérèse serait capable, quoique.  

Mon amour des casse-croûte ne m’est pas venu cet hiver-là. En fait, je pense que pour moi, c’est comme un symbole de liberté. J’y vais seulement quand je sors de Montréal, quand je suis en vacances (passer le pont Jacques-Cartier, pour moi, c’est déjà être en vacances). Chaque ville ou village a son casse-croûte, son boui-boui à frites, son comptoir graisseux, sa cabane à patates chambranlante. On a l’impression de goûter un petit bout de province quand on s’y arrête.

Sandra vient des Cantons-de-l’Est et chaque fois qu’on descend voir sa maman à Chartierville, on arrête chez Monique & Marie-Paule. C’est tellement bon, tout est fait maison (même la tarte au sucre), mais le mieux, c’est l’ambiance et la chaleur des proprios. En plus, ça se connaît dans ce coin-là, donc Sandra jase avec tout le monde, pis la vue sur les montagnes est à se jeter par terre.  

En fait, non, je le sais très bien pourquoi mon roman se passe dans un casse-croûte. Il y a tout ce que je viens de vous dire, mais il a aussi qu’une de mes tantes a toujours rêvé de faire un livre sur les meilleures cabanes à patates. À une époque, elle les prenait en photo. Avec elle, aller chercher un hamburger et des frites relevait de l’aventure et je pense qu’elle m’a donné la piqure. Pis en plus, c’est comme mon petit espace de rébellion : mon papa est chef cuisinier et s’il aime bien une fois de temps en temps un petit steame, mettons qu’on mangeait pas trop dans les cabanes à patates quand j’étais petite.

Mon roman a pas juste lieu dans un casse-croûte. C’est sur que c’est le centre d’attraction, là où travaille Marie, ma grande disparue. La Baraque, c’est son chez elle. C’est aussi mon chez-moi, mes vacances, mon espace de liberté. Et ça, ça vaut toutes les poutines et les steame de la terre.

 

Poutine2 Est-ce que c’est juste moi, ou une poutine en photo, c’est dégueu? 

Forrest Gump dans ma soupe

Forrest Gump dans ma soupe

« La vie c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » Télé-Québec diffusait mardi passé Forrest Gump (j’adore ce film, je connais presque toutes les répliques, en version française s’il vous plait!) et même si je le regardais pour 34e fois, je me suis encore une fois laissée embarquer dans l’histoire abracadabrante de ce simple d’esprit interprété par Tom Hanks. Et là, en voyant l’interprète dans sa belle chemise bleue à carreaux, je me suis rendu compte que Tom Hanks ressemblait plus pantoute à ça.

C’est sûr, le film date de 1994! Vingt ans l’an prochain! Et peu de gens le savent, mais Forrest Gump, c’est un livre au départ. Winston Groom l’a publié en 1986, mais a seulement connu du succès quand le film est sorti. Groom écrit surtout des romans sur la guerre du Vietnam, lui-même y ayant servi entre 1965 et 1969.

On apprend plein d’ affaires sur la page Wikipédia de Forrest Gump, comme que dans le livre, le personnage de Forrest est atteint du syndrome du savant… ce qui aurait voulu dire que notre Forrest de l’écran, en plus de son léger retard mental et de ses talents en ping-pong ou en football, aurait eu une ou des compétences extraordinaires qui auraient été en contraste avec le reste de ses capacités. Par exemple, Groom donne à son Forrest 100 % dans un examen de physique. Mais le plus surprenant, c’est que l’auteur le fait aussi lutteur professionnel, astronaute et joueur d’échecs! Comme si  joueur de football universitaire, héros de la guerre du Vietnam, pêcheur de crevettes, actionnaire d’Apple et inventeur du « smiley » était pas suffisant.

Autre chose que j’ai apprise et qui me fait bien rire : Bill Murray et John Travolta ont refusé le rôle de Forrest Gump! John Travolta en idiot de l’Alabama! Je ne suis pas capable de me faire à l’idée…

Tout ça pour dire que j’aime Forrest (en plus de Martin) et que son histoire (celle du film, pas du livre, car j’ai déjà essayé de le lire et que j’ai jamais fini), aussi quétaine soit-elle, m’inspire dans ma propre écriture. Qu’est-ce que Forrest Gump vient faire dans un casse-croûte québécois? Je pourrais toujours m’imaginer ce qu’il commanderait, mais non, ce film me fait rendre compte que ça prend des personnages forts, peut-être pas aussi stéréotypés, mais forts pour que mon histoire soit intéressante.

Il y en a seulement quelques-uns dans le film, mais quels personnages! À commencer par Jenny, ma préférée, et la merveilleuse maman de Forrest (le meilleur rôle de Sally Field), le lieutenant Dan ou Bubba, sans compter Forrest lui-même : chacun a une personnalité incroyablement bien développée et est un esprit libre, sans compter que dans le film on fait aussi la rencontre d’Elvis Presley, de John Lennon, de 3 présidents américains et d’Abbie Hoffman.

Et si je faisais passer Renée Martel ou René Lévesque par La Baraque? Pas sûr…

Même si Travolta n’a pas eu le rôle, il a tout de même été en nomination en 1995 pour Pulp Fiction, mais l’Oscar a été remporté… par Tom Hanks.

 

Martin, je t’aime

Martin, je t’aime

Est-ce que c’est possible de s’éprendre d’un de ses personnages? Je sais pas comment ça s’est passé, mais Martin, le cuisiner de La Baraque dont je vous ai parlé, est arrivé dans mon roman et depuis depuis 2 semaines, je pense beaucoup à lui. C’était pas prévu qu’il prenne autant de place dans ce texte-là et dans ma tête aussi.

J’ai eu tellement de fun à écrire sa version de la disparition de Marie, que je vais lui redonner la parole, plusieurs fois, je pense. En fait, il mène secrètement sa propre enquête sur la disparition de sa boss. Il est convaincu qu’elle n’a pas pu s’évaporer de son plein gré, mais qu’elle a été enlevée. Par quoi? Par qui? Il ne sait pas (moi je sais!). Mais il recueille quand même plein d’indices, fait des recherches, souvent infructueuses, pense qu’il pourra faire mieux que l’inspecteur dépêché sur place, car il connaît mieux Marie que lui.

En fait, Martin aime secrètement Marie. Mais Marie, évidemment, ne voit rien. Martin, c’est son chef, son cuisinier. Ils sont toute la journée ensemble au casse-croûte et elle voit en Martin, un ami, un allié, mais pas un chum, même pas un amant.

J’aime vraiment ça me mettre dans la peau de ce gars-là. Je deviens aussi illuminée que lui. Je n’ai qu’un objectif en tête : retrouver Marie, coûte que coûte. Je suis les pistes que je lui ai laissées et je suis toujours surprise de comment il réagit. Il est un peu innocent dans le fond, il est plus guidé par son instinct de chasseur que par sa réflexion. Il croit naïvement que Marie va lui tomber dans les bras quand il l’aura retrouvé. Allez Martin, un petit effort, tu n’es pas loin de la retrouver, se dit-il pour se motiver. Car il y a une toute petite part de doute dans son esprit, mais il ne se laisse pas démonter par sa raison.

J’ai l’air ben enthousiaste de même, mais je doute aussi beaucoup. Martin me donne confiance. Il s’écrit presque tout seul. En tout cas, il prend des décisions que j’aurais jamais prises. Et ça c’est qui me fait continuer. Je veux savoir quels gestes il va poser. Comment il va la retrouver? Est-ce qu’il va y arriver? Pour l’instant je ris dans mon coin et je continue de donner des indices à Martin. Parce que Martin, je l’aime, mais je sais pas si je vais le laisser résoudre son enquête.  

Je rêvais de Roger

Je rêvais de Roger

Ma dernière tentative de disparition m’a mené en Gaspésie, dans la baie des Chaleurs. J’ai choisi le village le plus loin et le plus calme qui soit (Nouvelle, près de Carleton-sur-Mer) et j’ai écrit toute une semaine. C’est dur de disparaître. Voyez plutôt le martyre que j’ai enduré à mon bureau/table de pique/face à la mer. La nappe carreautée rouge et blanc, c’était juste pour me sentir en période sérieuse d’écriture.

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Comme mon roman se passe dans un casse-croûte (Marie est la propriétaire d’une cantine : lire le résumé), j’ai décidé de profiter des vacances pour les fréquenter à outrance. Pas à tous les jours, même si j’aurais voulu. J’adore les casse-croûte! Ils ont tous des décors weirds et/ou rétro et des détails bizarres qui font qu’ils sont tous uniques. En plus, les proprios ont toujours plein d’histoires à raconter quand ils ne crient pas sur leurs employés. Ceux que je préfère ont des photos de personnalités un peu grasses et jaunies et des homards en plastique sur les murs.

Mon best off de casse-croûte 

1. Cantine chez Roger – Ste-Flavie. Sur le bord de la 132, on a fait un détour pour y aller. J’ai mangé une guedille au homard (que ma belle-maman française a appelé une guenille l’été passé) et des clams frites. J’ai pris des tonnes de photos. Le meilleur casse-croûte du monde.

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2. Casse-Croute O’Migoua – St-Omer. Il y a un homard en bois sur la devanture et des nappes avec des fruits. Nous sommes arrivés à 19 h 58 et ils fermaint à 20 h. On a eu raison de résister aux gros yeux de la proprio. Guedille au homard et fish and chips. Tout était bon, maison et les portions étaient épouvantables!

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3. Casse-croûte La clé de sol – Nouvelle. J’ai flanché. Après être passé devant la pancarte « Menu varié et poutine de la mer » plusieurs fois, j’ai commandé une poutine de la mer. Avez-vous déjà goûté à ça? Crevettes, pétoncle, crabe, sauce blanche, fromage et frites. Eh ben, c’est dans mon top 10 des meilleures poutines du monde.

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Le casse-croûte de Marie, je l’ai appelé La Baraque. Un clin d’oeil aux « baraques à frites » du Nord de la France. J’aimerais qu’elle soit aussi belle et les plats aussi savoureux que la Cantine chez Roger. Depuis le début, je m’étais pas rendu compte que je m’inspirais de ce casse-croûte. J’étais comme attirée, je voulais vraiment y aller. Une escapade gaspésienne sans la Cantine Sainte-Flavie, c’est impensable. Une fois le char dans le parking, j’ai compris que je rêvais de Roger.

Des semaines d’écriture, j’en prendrais tout le temps. Ça m’a donné un air d’aller pour l’automne. Et toutes mes tentatives de disparition m’ont aidé à me concentrer et à imaginer comment Marie pouvait disparaître. Elle n’est plus là, ça c’est sur. Et tout le monde autour d’elle est convaincu de connaître la vérité. J’ai eu beaucoup de fun à écrire le chapitre sur la version de Martin, le chef de La Baraque. Il croit que Marie s’est fait enlever et il mène sa propre enquête. J’aurais disparu se transforme en thriller-policier-gourmand-psychologique sur fond de friture et de vents salés. Je continue ma quête du casse-croûte idéal. 

Photos de brouillard

Photos de brouillard

Il y a pas juste Sandra qui est capable de faire des photos de brouillard. Figurez-vous que je m’y suis mise aussi. Le brouillard dans le brouillard, des bottes dans le brouillard, des roches dans le brouillard, de l’eau dans le brouillard. C’est infini. Je pense que je suis prête à aller faire un projet photo à Inukjuak.

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Allo, t’es où?

Allo, t’es où?

Après avoir moi même tenté de disparaître, Sandra, elle, est complètement disparue de la carte pendant 3 jours. J’étais sans nouvelles d’elle. Allo? T’es où? Tu te rappelles qu’il faut qu’on alimente Check mes tomates? Que je suis ton amie. Pas de nouvelles. Rien. Le vide. Eh bien, figurez-vous que Madame était partie à la chasse. Trois jours à traquer le caribou, le phoque et des oiseaux qu’on connaît pas (elle vous en parlera dans la semaine).

Trois jours durant, je me suis tordu le cerveau à imaginer où elle pouvait bien être. Voici donc de nouvelles méthodes inédites pour s’éclipser en douce. Car vous ne savez jamais quand l’envie de disparaître pourrait vous prendre. Merci à mon ami ancien chef scout devenu importateur de vin pour ses suggestions.

Passer à côté d’un trou noir : on a jamais vraiment su ce qu’il y avait de l’autre côté. Guy Cloutier a essayé sans succès.

Participer à un tour de magie : en tout cas, je demanderais bien à Splendini, alias Woody Allen, de m’installer dans sa boîte magique et d’agiter bien comme il faut mes molécules.

Passer ses vacances au Triangle des Bermudes : destination mythique où vous pourriez croiser Elvis, Jim Morrison ou Michael Jackson. Réserver une cabine sur le Nimitz pour une tranquillité assurée.

Se confondre dans le paysage comme Liu Boilin : cet artiste chinois à l’art de la disparition dans le sang. J’ai un petit faible pour le navire de guerre, et vous?

Boire un philtre paralysant comme dans Roméo et Juliette et se réveiller alors que tout le monde vous croit mort : un peu sanglant comme possibilité. Si vous optez pour le philtre, bien avertir l’être aimé que vous vous réveillerez 48 h plus tard.

S’offrir un clone sur eBay : bien veillez à ce qu’il soit identique à vous. Lui laisser faire tout le travail et vous la couler douce ailleurs.

Passer de l’autre côté du miroir : ne pas oublier de faire trois fois le tour du chapeau du lapin et de boire le thé chez le chapelier pour une expérience optimale.

Se faire endormir pendant 100 ans : la Belle aux bois dormants l’a fait pour se faire réveiller comme si de rien n’était par son prince charmant. C’est pas un peu l’ancêtre de la cryogénisation?

Embarquer sur un timbre et parcourir le monde : les nostalgiques des Contes pour tous seront ravis. Suffit de retrouver l’homme-orchestre et c’est parti!

Endosser la cape d’invisibilité d’Harry Potter : si elle lui a permis de découvrir de terribles secrets, vous pourriez vous aussi devenir le héros des jeunes. Elles sont en rabais cette semaine au nouveau complexe dédié au célèbre sorcier de Universal Studio. Visite de Poudlard en prime.

Passer sa vie en téléportation : voyager d’un espace-temps à un autre sans jamais vous arrêter. Ne pas oublier d’apporter suffisamment de provisions pour tenir pour l’éternité.

Faire comme Michel Houellebecq : l’écrivain français a disparu des radars pendant une semaine en ne répondant simplement pas à ses courriels ou à son téléphone alors qu’il avait une tournée de prévue en Belgique. Simple et efficace.

Durant mon périple hors Montréal, j’utilise surtout la méthode « m’enfermer dans un chalet » pour disparaître. Mais Marie, ma grande disparue, est toujours aussi difficile à rayer de la carte. Je me rends compte que c’est assez drôle d’écrire un roman sur une personne disparue. Elle n’est pas là pour m’aider à parler de sa disparition.