Party de famille

Party de famille

Les Moreau, on est une grosse famille. Chez mon père, ils étaient 6 enfants, et tous ces marmots ont eu de rejetons, pour un total de 14 cousins et cousines du même âge, à 10 ans près. Certains ont même des enfants qui sont maintenant des adultes. Ça parle fort, ça crie, ça danse : on aime ça se voir et on se le dit.

On a commencé il y a deux ans à se réunir seulement entre cousins. C’est que la grand-maman nous a quittés en 2011. Au mois d’août, c’était le party des cousins Moreau. Réunis chez celui qui a la plus belle piscine, un bar extérieur (l’année passée, j’ai bu des drinks bleus et j’ai été malade) et un BBQ géant, on commence la journée tranquillement. Baignade, petite bière, blé d’Inde.

C’est que c’est le fun être entre cousins. Les chums, les blondes, les enfants : tout le monde se promène en maillot de bain autour de la piscine. Ça s’échange des nouvelles pis ça se conte des peurs. Cette année, l’hôte de la journée a décidé de sortir des vieilles photos. Les années 80, c’était pas une réussite chez les Moreau. Coupes Longueuil, costumes de bain fluo, moustaches ostentatoires. Finalement, ça pas tellement changé, c’est juste que maintenant on peut niaiser ceux qui en portent.

À un moment donné de la soirée, je commence à jaser avec la nouvelle blonde de l’un de mes cousins (on est 6 filles pour 8 gars). Parle, parle, jase, jase, bla-bla-bla. Très sympathique, cette nouvelle Moreau. Bravo cousin que je me dis. C’est là qu’elle me lance : « Ah, c’est toi l’écrivaine. »

Bon, qu’est-ce que mon cousin lui a dit? C’est sûr que pour ma famille, je suis une intello (études universitaires en littérature) ou du moins l’image qu’ils se font d’une intello. J’habite Montréal (j’entendrai plusieurs fois dans la journée « toi, t’es une hipster »), mais pas le Plateau (Rosemont, c’est pareil pour eux), j’ai travaillé en culture, j’écris des articles sur tout et rien, je n’ai pas d’enfants dépassé la trentaine et je parle tout le temps de livres.

Est-ce que ça fait de moi une écrivaine? Non, mais, mon cousin, lui a fait l’amalgame. Je t’aime cousin. Toi, tu me comprends. Pis ta blonde aussi. Je vous parle de ça, parce que cette semaine, j’ai passé beaucoup de temps sur mes projets. J’ai complété deux nouvelles, je travaille aussi sur J’aurai disparu avant la fin de la journée. Seule devant mon ordi, je me suis demandé ce qui faisait l’écrivain. Les publications? C’est sûr. La posture d’écrivain? Parce qu’il en faut bien une. La cigarette électronique (voir Mondanité du diable, d’Alain Farah)? Je fume déjà du tabac, merci.

Je le sais pas en fait. J’écris, c’est tout. Je pense que je vais appeler mon cousin pis sa blonde. 

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