
Le mardi après-midi, c’est à nous. On parle, on jase, on se bouge les fesses à la zumba et on va au sous-sol d’église. Les mains dans la poussière et sous l’éclairage flatteur de la grande salle bordélique, on part à la recherche d’objets pour les projets de San et des bébelles pour la maison d’Annabelle.
Cette semaine, on devait trouver des chapeaux, des lunettes, des foulards, des robes, pis des manteaux. Tout ça parce que Sandra a encore plein d’histoires dans sa tête. Cette fois-ci, elle va se rendre au Centre de cancérologie de Laval. Toujours dans ces idées de grandeur. Rappelez-vous son souhait de conquérir l’Arctique?
Faque on a fouillé sous des tonnes de tissus tous plus bizarres les uns des autres pour trouver son bonheur. « Bouge pas Anna, tu peux enlever ton gilet et essayer ça, s’teplait?? Viens ici, j’ai besoin de ta tête pour voir c’est quoi ça donne ce chapeau? » Anna se sent un peu ridicule, mais pour la cause, elle se sacrifie. Résultat : Anna a l’air d’une ménagère frustrée de 1979, la touche glamour-kitsch-rétro-juste-assez-bizarre pour que tout le monde les regarde.
En échange de cette parade de mode improvisée et succulente, après être passées dans le rayon des vêtements (eh oui, ils vendent des sous-vêtements usagés dans les sous-sols d’église, mais on approche jamais du bac), les filles montent au 2e étage, enfin en haut, où se trouvent les meubles. Chaque fois, la même histoire se répète : quand Anna spotte des affaires, elle regarde Sandra : « On peux-tu faire de quoi avec ça? » C’est toujours Sandra qui les retape (elle est vraiment bonne avec ses deux mains), les utilise pour ses projets de photo et les redonne à Anna. C’est qui qui trouve le plus son compte là-dedans?
Nicole, dit Madame Nicole est la reine du sous-sol. Elle fait les prix à la tête du client, crie des ordres à ses disciples et nous donne même des conseils déco. « Tsé, les filles, ma sœur a acheté des grosses cruches à lait, pis elle a peinturé dessus les 4 saisons. C’est ben ben beau. Chez les antiquaires, ça vaut vraiment cher. Pis ste chaise-là, c’est du vrai bois pis c’est ben solide. Tu peux mettre ça dans ton entrée. L’hiver c’est ben pratique. »
On avait spotté 2 chaises pis 2 p’tits bancs. « Pour les chaises, 4 $, pis les p’tits bancs, 5 $ Stu correct ça les filles? » Madame Nicole a le don de nous parler. On l’aime. Surtout quand elle crie.
De retour chez Anna, les mains pleines de vieilles affaires, on avait un problème. Pu de place chez Anna. Martin, Béatrice, Gilbert, Marie, Adrien se sont installés chez elle pendant l’été, pis là, plus moyen de placer nos belles bébelles. Elle a le cœur sur la main Anna et pouvait pas laisser ses personnages à la rue. On leur fait donc de beaux fauteuils.
On ira te revoir bientôt chère Madame Nicole. Sandra a besoin d’autres vêtements et accessoires pour un projet secret avec Anna. Pis des bébelles, on en a jamais assez.