
Qu’est-ce qu’on peut faire dans la salle d’attente d’un centre de traitement de cancérologie? Entre lire une revue qui vous apprend que Lady Di a succombé à un grave accident la semaine dernière ou encore que Jean Charest est le nouveau premier ministre du Québec, vous pouvez discuter de la température avec les autres patients en gardant une oreille attentive vers l’interphone qui crache sporadiquement des noms et des numéros de salle. Mais encore?
Au Centre de cancérologie de Laval, vous pouvez en plus vous balader sur un tapis rouge pour un instant, et pendant un court instant vous sentir comme une vedette. Avoir vos 2 minutes de gloire et poser comme si vous étiez sous les projecteurs. Si jamais vous désirez vous rendre au bout du tapis rouge, vous pouvez immortaliser ce moment en prenant place sur un tabouret et ainsi vous faire prendre en photographie (par moi).
Tous les mercredis depuis un plus d’un mois, j’offre aux patients et aux employés du Centre de cancérologie à Laval de vivre cette expérience. J’ai littéralement installé un tapis rouge, un vrai, pas aussi beau que celui de Canne, mais l’effet est là, et un studio de photos. Celui-ci est installé dans une petite pièce où se trouvent deux tables remplies d’accessoires : des chapeaux de cowboy, des bonnets de fourrure, une peau de renard (que j’ai rapporté d’Inukjuak), des nœuds papillon, des fausses herbes hautes (achetées au palais du dollar) et pleines d’autres affaires bizarres.
Les courageux qui osent s’aventurer dans cette pièce sont invités à jouer le jeu. Pour un court instant, car on doit faire vite, ils choisissent ce qui leur fait plaisir comme accessoires, et s’installent devant l’objectif. On prend deux ou trois clichés, le temps est compté, malgré que l’on attende longtemps dans un hôpital, puisque quand c’est notre tour, on doit y aller immédiatement, sinon l’attente pour les autres augmente. Donc ils posent, ils regardent et j’imprime deux photos de format carte postale. J’en donne une aux vedettes et l’autre, je l’épingle sur un babillard pour montrer ce que l’on fait dans tout ce décor.
Il y a deux semaines, je discutais avec deux messieurs qui attendaient pour leur traitement. Ce jour-là, il y avait du retard dans le planning. Les deux hommes commençaient à bouger de plus en plus et à trouver l’attente de plus en plus longue. Tout s’explique : ils doivent boire beaucoup d’eau pour avoir leur traitement de radiologie (les deux sont en traitement pour un cancer de la prostate). L’eau sert à remplir leur vessie et ainsi le liquide éloigne les rayons des autres parties du corps. D’après ce que j’ai compris, comme ça, on peut bien cibler la prostate, mais n’étant pas l’experte dans le sujet… Bref, les deux hommes commençaient à avoir une envie pressante et acceptent donc de faire des photos avec moi, car au moins comme ça, ils ne pensent pas à leur vessie qui ne demande qu’à être soulagée.
Mes deux messieurs choisissent des chapeaux de cowboy, on rigole. Pendant que je fais les photographies, je leur suggère de se mettre dans la peau de Clint Eastwood. L’un d’eux éclate de rire et hop! mon doigt appuie sur le déclencheur. Pendant ce temps on garde toujours une oreille attentive sur l’interphone…
« Ma femme va être contente, une belle photo de moi qui rit. Moi qui ne veux jamais me faire prendre en photo. »
« Elle va se demander où je suis allé faire faire ça. »
« Ben à l’hôpital, c’est ça le plus drôle. »
Ping : Présentation au CICL Sandra Lachance