
On y est depuis dimanche soir, et on avait hâte de vous en parler, de Winnipeg. C’est loin, vous le savez, mais c’est encore plus loin que vous le pensez. On a mis 2 jours et demi pour y arriver. On avait jamais fait ça, nous, conduire aussi longtemps. Une chance que les routes sont belles en Ontario. C’est comme conduire dans le parc des Laurentides ou sur la 138 vers le nord, avec une station-service et une ville bizarre une fois de temps en temps. Des Tim Hortons aussi et des Wendy’s.
Tout le monde nous disait de faire attention aux « mooses ». Ils avaient raison. On a bel et bien vu des orignaux (des femelles et des petits), des chevreuils, et aussi un coyote écrasé sur le bord de la route. Sandra en parle encore, du coyote.
Ça ressemble beaucoup au Québec le nord de l’Ontario. Il y a de la forêt et des montagnes, beaucoup de lacs, de pourvoiries et de construction sur les routes. On se disait que c’était pas possible que le Manitoba soit plat comme dans nos livres d’histoire du secondaire. On avait tort. Peu de temps après avoir traversé la frontière, les montagnes font brusquement place à des champs. C’est tellement cliché, qu’on y croit pas vraiment. On a le retour pour se faire une idée.
En arrivant dimanche après-midi, c’est la pluie qui nous a impressionnées. Pluie, pluie et pluie. Ça nous a pas empêchés de vouloir visiter tout de suite la ville. Notre hôtel (en fait, c’est un bed & breakfast) est à Saint-Boniface. Le quartier francophone de Winnipeg. On a vite réalisé qu’il fallait traverser un pont, pour arriver dans le centre-ville, la partie anglophone de la ville. Oui, oui, comme à Ottawa et Gatineau, on traverse un pont pour passer d’une langue à l’autre. Ça aussi, on trouvait ça cliché, mais on va se garder nos commentaires pour nous.
La pluie était vraiment intense, et tout était inondé. À notre arrivée, il tombait des cordes depuis 3 jours, mais Sandra et moi on a peur de rien (pis on était dans une auto depuis 3 jours), donc on a pris nos parapluies et en avant l’aventure! Gris, trempé et vide (c’est vrai qu’on était dimanche à 16 h), le centre-ville de Winnipeg nous a paru étrangement abandonné. On a trouvé un pub et savouré notre arrivée en regardant d’un oeil vraiment distrait le match entre l’Argentine et la Bosnie-Herzégovine. Aucune idée du vainqueur, mais au retour, Sandra a cassé son parapluie parce que je l’ai fait enjamber des hautes clôtures et des tracks de chemin de fer. Je me sentais wild et elle aussi.
À la sortie du pont, côté Winnipeg, collé sur la rivière rouge, il y a un étrange bâtiment. Tout neuf, tout en hauteur, on dirait la rencontre entre une église et un bunker. Un grand panneau indique : Ouverture septembre 2014. Et juste en dessous : Musée canadien pour les droits de la personne. Sandra, d’emblée, se demande ce qu’on peut bien exposer dans un musée des droits de l’homme. Ce que l’on trouve sur Internet nous donne comme moins envie d’aller le visiter. On y traitera (d’un point de vue « canadien ») de l’Holocauste et des privations des droits de la personne dans le monde. Dans son article, Isabelle Hachey le surnomme le « musée des controverses ». Bref, depuis, on regarde le bâtiment avec circonspection.
Lundi, le lendemain de notre arrivée, Sandra et moi avons monté son exposition. J’ai travaillé de mon côté aussi, c’est pas parce que je suis à 2600 km que mes clients vont attendre. Non, je fais comme si j’étais dans mon bureau à la maison. J’ai essayé deux cafés du quartier, mais là, je suis dans le gazebo en moustiquaire de notre gîte. Justement, je voulais vous en parler de notre B&B. Moi et Sandra, on est pas habituées à des places comme ça (c’est la galerie qui a réservé pour nous). Notre hôte, très gentille dame de 77 ans, a un paronyme français et adore Ricardo. Elle a même une photo d’elle et lui dans sa cuisine. Mais l’affaire, c’est que l’on est dans sa maison, chez ELLE, et qu’on est plus habituées de se rapporter à quelqu’un comme ça. Aussi, sa maison est remplie de Marie-Jésus-Joseph-Fatima-chapelets, de coussins en coeur et de rideaux fleuris. Disons que ça surprend. Mais les déjeuners sont copieux, ce matin, il y avait sur la table des gaufres en coeur et de la compote de pommes maison.
Non, ce qui est le plus étrange, c’est que notre gentille hôte met son pyjama vers 16 h (ou plus tôt, c’est selon), et se couche vers 18 h 30. Surtout qu’ici, il fait clair très tard. À 21 h 30, on dirait qu’on est en plein après-midi.
Hier, après son atelier (Sandra donne des ateliers de photos à des groupes scolaires), on a voulu aller se boire une petite bière au soleil. Selon les conseils d’un Rimouskois habitant Winnipeg depuis 10 ans, on est allé au Beer vendor le plus près (une porte glauque, donnant dans un bar glauque, se trouvant sur une rue glauque), et on s’est dirigé vers la cathédrale de Saint-Boniface dont il ne reste que les murs et la façade, pour savourer notre nectar local. Notre plan a complètement foiré quand des pompiers sont sortis de l’enceinte de la cathédrale escortant un homme passablement imbibé. On a fait demi-tour, salué la tombe de Louis Riel, et avons posé nos pénates sur le bord de la rivière rouge, le musée-cathédrale bien en vue, et avons relaxé dans l’herbe. Si quelqu’un se plaint qu’il y a beaucoup de moustiques au Québec, je l’envoie faire un stage de 3 mois au Manitoba. On a pas le monopole des bibites (le gazebo c’est juste pour faire beau dans notre histoire), Winnipeg est un nid à moustique, brûlots et autres machins volants qui piquent.
Mais peu importe, parce qu’ici, on parle d’arts visuels au téléjournal de 18 h. Et juste ça (Sandra y parle de son expo vers 18 minutes, et non, elle n’est pas Française), ça nous rend la ville plus sympathique encore, même si pour l’instant, elle est encore un mystère pour nous.
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