Voyage, voyage

Voyage, voyage

La semaine dernière, studieuse comme une voyageuse en vacances dans un café d’Hanoi, deux garçons se sont invités à ma table. Peut-être la mi-vingtaine. L’endroit était bondé en cette fin d’après-midi collant et je travaillais depuis quelques heures, donc un break-discussion n’était pas de refus.

L’un m’a dit travailler dans une banque du centre-ville et rêvait d’aller poursuivre ses études aux États-Unis. L’autre, moins loquace en anglais, étudiait l’économie ou la finance, je ne saurai jamais. Nous avons partagé en rigolant des coconut cafés, rencontre sublime entre de la délicieuse crème glacée à la noix de coco onctueuse et du café vietnamien très fort. Un mélange parfait. La quintessence du café (il faut aimer le coconut, c’est sûr) À un moment, l’un des garçons a sorti un paquet de cigarettes pourpre de sa poche et m’a proposé le plus gentiment du monde une de ses longues, très longues cigarettes… à la cerise. Je riais dans mon coin, ai fumé des cigarettes sucrées avec eux, et je suis partie quelques heures plus tard après avoir reçu tous les compliments de la terre…

J’ai aussi croisé la route d’un Suisse dans un café-galerie où j’étais allée écrire tranquillement. Il venait y présenter une expo et la journée où je suis passée, Hubert, c’était son nom, immergeait des nains de jardin, des vrais de vrais nains de jardin, la tête exceptée, dans des cubes de béton frais. C’était la fête entre lui et l’ouvrier affairé. Les rires traversaient la grande maison blanche et je n’ai pu m’empêcher d’aller leur jaser et d’observer de plus près le processus. Le but de l’opération est de démouler les cubes de béton quelques jours plus tard et de présenter ces bétonnés nains avec des illustrations pour une expo. En tout cas, c’était pas pire drôle et ce Suisse était génial.

C’est ça qui le fun quand tu voyages seule, tu peux te laisser porter par les rencontres, ton instinct ou tes envies de découverte. C’est la première fois que je le tente l’expérience plus qu’une semaine ou deux. Et ça me faisait peur un peu, au début, c’est sûr, mais je suis maintenant tout à fait confortable à ma 7e semaine de voyage, je commence même à trouver que 3 mois au Vietnam, c’est un peu court, franchement.

Il y a quelques jours en vélo sur les petites routes paisibles de la région de #NinhBinh, j’étais bien. Mais tsé vraiment bien. J’étais pas montée sur un bicycle depuis l’automne dernier, et j’avais oublié le plaisir de pédaler joyeusement. J’ai fredonné un peu de Leloup dernière mouture et je regardais les rizières et le travail des villageois des alentours. À mon passage, les enfants criaient « Hello! » et tendaient la main, les yeux brillants. Les gens sont souriants et ça me donne envie de sourire aussi. Quand le visiteur moyen prend la peine de sortir un peu des circuits touristiques, une telle fraîcheur teinte ses rencontres et la curiosité est souvent réciproque. Malgré le peu de mots échangés, les gestes et le sourire disent tout, alors que règnent dans les endroits touristiques une guerre de prix, une ambiance d’arnaque permanente et une rudesse parfois malvenue. Et je suis polie.

Ici, près de Ninh Binh (communément appelé la « baie d’Halong terrestre » à cause de ces pics rocheux et montagnes verdoyantes au milieu des rizières, c’est dans la région qu’a été tourné le film Indochine avec Catherine Deneuve), c’est un Vietnam un peu différent, tout en douceur, encore ancré dans les traditions, la vie entre rizières et rivières, tourisme et agriculture. Tout ça va changer rapidement avec les projets hôteliers et immobiliers qui sont en chantier, mais pour l’instant, c’est le paradis sur terre. Pour moi, du moins.

Il me reste 5 semaines avant le grand départ vers Paris de Hô Chi Minh-Ville. Je me dirigerai dans les jours prochains vers le centre du pays, ayant exploré le nord depuis le début de février. En 7 semaines, des affaires assez bizarres, très étranges et parfois surprenantes me sont arrivées. Je me suis laissée porter, j’ai profité, j’ai rencontré des gens merveilleux (les autres je ne leur parle pas), mais mon problème, c’est que je tombe en amour avec les endroits visités et ne veux plus partir. Je le vis comme une séparation déchirante chaque fois, comme si je devais m’enfuir avant d’avoir pu vraiment saisir l’essence de tel ou tel endroit. Je suis une grande romantique dans le fond. Et ce voyage me le confirme un peu plus chaque jour. Voyage, voyage quand tu me tiens.

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