La chasse

La chasse

Finalement, je suis allée à la chasse aux phoques.

Ce n’est pas parce que j’avais de nouveau mal à l’oreille que j’ai décidé de partir chasser le phoque, le caribou et les canards, mais plutôt une envie de voir un peu du pays. Avec mon amie Raisa (une femme très gentille qui est arrivée à peu près en même temps que moi à Inukjuak), nous sommes parties à l’aventure : bottes de pluie, manteau, chaussettes chaudes et pleins d’autres trucs pour notre survie.

Nous n’avions aucune idée de l’endroit où nous allions chasser. On s’est glissées dans le canot et on s’est laissées porter par la conduite assurée de Moese notre guide. Premier arrêt : une île. Bien oui, on est dans la baie d’Hudson. On s’arrête le temps de prendre le thé et on en profite pour partir à la découverte de ce petit bout de terre. On voit quelque chose au loin.  « Un lapin !». On regarde. Ça bouge. C’est ben plus gros qu’un lapin… Il est loin : « Non c’est un renard », dit-elle. On regarde, on observe, il y en a plusieurs. Ils entrent dans leur terrier et ressortent plus loin. Ils se jouent de nous.

Soudain, il y en a un qui décide de courir vers nous. On se regarde, on se demande en même temps : « C’est dangereux un renard? » On ne sait pas, donc on court … On retourne au canot et on y rencontre de nouveaux amis qui vont nous accompagner au campement de chasse : Bob, son fils et l’ami de son fils.

On repart en direction du campement, toujours aucune idée d’où il peut bien se trouver à vrai dire, je me demande réellement comment ils s’orientent sur cette vaste étendue d’eau. Le brouillard s’installe, on ne voit rien. Inquiètes, on se dit : « Ils doivent savoir s’orienter ». Après une heure, je crois, on arrive. On sort tout et on commence à monter les tentes. Je dois vous avouer que je hais ça dormir dans une tente. J’ai trop d’imagination. C’est pas mal utile pour mon métier, mais pas pour dormir dans une tente dans le noir avec toutes sortes de bruits environnants. Mais là, pas d’arbres, pas d’herbes, que des roches et la nuit qui est très courte, de minuit à 4 h environ. Sans compter les 6 chasseurs qui savent quoi faire si un animal arrive. Bref, de quoi dormir tranquille. Le seul hic, c’est que c’est quand même pratique un arbre pour se cacher quand tu veux faire tes besoins.

Mon souhait le plus grand était de voir des phoques. Eh bien au matin, le soleil brillait et un phoque a pointé son nez dans la baie calme pour nous dire bonjour. Dommage pour lui, on a sauté dans le canot pour le chasser. Après deux heures et demie, on revient sans phoque. Ça nage vite ces bêtes-là, et comme il n’y a que la tête qui sort de l’eau, pas facile de le shooter.

 Une autre aventure dans le canot, on a pris la direction du bol de toilette (c’est comme ça qu’ils appellent cette endroit, à cause de sa forme en cuve). On part à la chasse aux caribous. Tout le monde scrute les ilots de terre à la recherche d’un panache qui dépasse. Toujours dans le canot, on en aperçoit un. On s’approche, il est au bout de l’île. Je me dis : « Il est pris, il va s’enfuir de l’autre côté ». Pas vite la fille, ça nage un caribou. Sinon comment veux-tu qu’ils passent d’une île à l’autre? Pour ma défense, je suis habituée avec les orignaux et les chevreuils dans le bois… Il saute à l’eau, on s’approche et on le tire. J’ai vu le caribou courir, sauter, nager, flotter, être tiré hors de l’eau, sur le dos, avec pu de peau, avec pu de tête et pour finir en petits morceaux. Il faut bien qu’il rentre dans le canot.

En ce qui me concerne, la chasse fut très bonne : 1500 shoots pour une prise de plus de 32 Go.

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